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il tire des autres choses, et surtout des marchandises, une si grande somme d’argent qu’elle est incalculable. Cette province produit une grande quantité de sucre, et toute espèce d’aromates. Le Grand Khan reçoit trois et demi par cent mesures d’aromates ; il en fait de même de tous les biens des marchands. Il tire aussi un grand revenu du vin fait de riz et d’aromates ; les artisans, surtout d’une douzaine de conditions, lui rendent un certain profit. Il tire dix pour cent des aunes de soie, qui, dans la province de Mangi, se font en quantité. Moi Marco j’ai une fois entendu faire le récit de tout ce que retire le Grand Khan de la province de Quinsai chaque année, et qui n’est que la neuvième partie de la province de Mangi : la somme montait, excepté le revenu du sel, à quinze millions d’or et six cent mille livres.

LXVI
De la ville de Tampingui.


En partant de la ville de Quinsai et allant vers le septentrion, on trouve continuellement de belles plantations et des champs cultivés, jusqu’à ce qu’à une journée de chemin on vient à la très belle et très remarquable ville de Tampingui (Chao-hing-fou, chef-lieu du Tchékiang). À trois journées de cette ville, allant toujours vers le septentrion, on trouve des villes et des châteaux en quantité, et qui sont si près les uns des autres qu’on dirait de loin qu’ils ne sont tous qu’une grande ville. Il y a grande abondance de vivres en ce quartier-là ; il y croît aussi des roseaux (bambous) de la longueur de quinze pas et de quatre paumes de circonférence. Allant plus avant, et à trois journées de là, on rencontre une belle et grande ville, au delà de laquelle, continuant toujours son chemin du côté du septentrion, on rencontre beaucoup d’autres villes et de châteaux. Il y a dans ce pays-là beaucoup de lions, qui sont grands et féroces ; mais l’on n’y trouve point