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ler, si ce n’est de quelques endroits situés sur le bord de la mer.

XXXVII
Des deux îles où les hommes et les femmes vivent séparément.


À cinq cents milles par delà du royaume de Semenath, du côté du midi, il y a deux îles éloignées l’une de l’autre de trente milles : dans l’une les hommes demeurent, elle est pour cela appelée île Mâle ; tandis que l’autre où habitent les femmes est appelée île Femelle[1]. Ils sont chrétiens, tant les hommes que les femmes, et se marient ensemble. Les femmes ne viennent jamais à l’île des hommes, mais les hommes viennent à celle des femmes, et ils demeurent pendant trois mois de suite avec elles, à savoir chacun avec sa femme et dans sa maison. Après quoi, ils s’en retournent dans leur île, où ils demeurent tout le reste de l’année. Les femmes gardent les fils qu’elles ont de leurs maris jusqu’à l’âge de quatorze ans ; après quoi elles les renvoient à leurs pères. Ces femmes ne font pas autre chose que d’avoir soin de leurs fils et de recueillir les fruits de la terre ; mais les hommes travaillent pour nourrir leurs femmes et leurs enfants. Ils sont adonnés à la pêche et prennent des poissons en quantité, qu’ils vendent, étant desséchés, aux marchands et dont ils tirent un grand profit. Ils vivent de chair, de poisson, de riz et de lait. Cette mer abonde en baleines et en grands poissons. Les hommes n’ont point de roi ; mais ils ont un évêque qu’ils regardent comme leur seigneur, et qui est suffragant de l’archevêque de Scoira, dont nous allons parler.

  1. Les commentateurs ne se sont pas encore accordés sur la situation et l’identité de ces îles.