Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/304

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ces chapitres, que nous avons d’autant mieux cru devoir conserver que, contrôlés par les récits modernes, ils démontrent une fois de plus jusqu’à quel point sont dignes de crédit les assertions du célèbre Vénitien.


XLVII
D’un certain pays habité par les Tartares.


Jusqu’à présent j’ai parlé des pays orientaux qui sont du côté du midi ; je toucherai à présent en peu de mots quelques contrées situées au septentrion, ayant oublié d’en parler dans les autres livres. Dans les pays septentrionaux il y a beaucoup de Tartares qui ont un roi de la race des empereurs de cette nation ; ils gardent les mêmes coutumes et les mêmes manières de vivre que les anciens Tartares. Ils sont tous idolâtres, et ils adorent un certain dieu qu’ils appellent Natigai, et qu’ils croient maître souverain de la terre et de tout ce qu’elle produit. Ils font beaucoup d’images et de simulacres de ce dieu. Ils ne demeurent point dans les villes ni dans les villages, mais sur les montagnes et dans les campagnes de ce pays-là. Ils sont en grand nombre, ils n’ont point de blé, mais ils vivent de chair et de lait. Ils vivent ensemble en bonne intelligence et obéissent de bon gré à leur roi. Ils ont un nombre presque infini de chevaux, de chameaux, de bœufs, de moutons et d’autres bêtes à cornes. Ils ont aussi de très grands ours, de fort beaux renards, et l’on y trouve des ânes sauvages en grande quantité. Entre les petites bêtes, ils en ont une certaine espèce dont on tire de très belles peaux, appelées vulgairement zibelines. Il y a aussi plusieurs autres sortes d’animaux sauvages, dont ils tirent de la viande suffisamment pour se nourrir.