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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/21

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arrivâmes à Maynapata longtemps après la nuit close.

Ma déception fut grande en mettant pied à terre ; au lieu d’un village ou tout au moins d’une hacienda, que je m’attendais à trouver, je n’aperçus qu’une misérable pascana, composée de trois cahuttes dont le chaume avait disparu sous un pied de neige ; nous nous entassâmes comme nous pûmes dans le plus grand de ces bouges, où la chaleur combinée de nos corps et de nos cigares ne tarda pas à pénétrer la neige du toit. Bientôt, cent gouttières ruisselèrent à la fois sur nos têtes ; l’infernale douche dura toute la nuit. À six heures, nous nous remîmes en selle, trempés jusqu’aux os et raides de froid. Les rayons du soleil et quatre bouteilles de rhum, que nous employâmes à nous frictionner, parvinrent à peine à rendre à nos membres leur élasticité accoutumée.

Vers onze heures, la neige qui recouvrait le sol était entièrement fondue. Les montagnes seules conservaient leur blanche parure. Les punas, jusqu’alors à peu près planes, commencèrent à s’accidenter. Des croupes pierreuses émergèrent à leur surface, comme des îlots sur un océan. Bientôt, le réveil de la végétation nous fut annoncé par des radiées acaules qui croissaient sous la mousse, et par des joncs aux fleurs en ombelle ; dans le creux d’un rocher exposé au sud, nous découvrîmes une touffe de scolopendres.