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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/20

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de là, sur la crête d’un monticule. Nous hélâmes cet homme, qui paraissait suivre un chemin opposé au nôtre, pour lui demander si nous étions éloignés de Lauramarca. Il nous répondit qu’en continuant d’obliquer à gauche et en marchant toute la nuit, nous y serions probablement avant le jour. Je crus d’abord que l’Indien se moquait de nous, mais son sourire était si placide et son étonnement si naturel en nous rencontrant en pareil lieu et à pareille heure, que, me défiant de ma susceptibilité, je regardai nos muletiers, pour voir comment ils accueillaient l’assertion de cet homme. Leur air confus me fit comprendre que l’homme disait vrai. Comme celui-ci nous voyait assez embarrassés de prendre un parti, il nous demanda pourquoi, au lieu de traverser de nuit cette longue suite de punas neigeuses, nous n’irions pas dormir à Maynapata, au risque de n’arriver à Lauramarca que le lendemain dans l’après-midi. Cette proposition, dont je ne pouvais apprécier la valeur, fut un trait de lumière pour nos muletiers, fort troublés par la bévue qu’ils avaient commise. Ils déclarèrent que c’était, en effet, le seul parti raisonnable que nous pussions prendre. Alors, au lieu d’obliquer à gauche pour nous rendre à Lauramarca, nous prîmes à droite pour gagner Maynapata, où le Chasqui ayant affaire, offrait de nous conduire. Guidés par ce brave coureur, dont le pas gymnastique devançait le trot de nos mules, nous