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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/31

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geaient d’aspect à chaque lieue qui nous rapprochait d’elles.

Vers cinq heures, nous relevâmes dans le sud, à une faible distance, le point où les deux chaînes de Vilcanota et d’Avisca, simple ramification des Andes centrales, au-dessus des sources de l’Apurimac, se bifurquent pour prendre une direction opposée. Ce point, que les gens du pays appellent Porco et les géographes Nodus, offre la bizarre disposition d’un entonnoir de quelques dix lieues de tour. Une épaisse couche de neige recouvre en tout temps les parois crevassées et les bords inégalement découpés de cette espèce de cratère. Des pics de trachyte rugueux et contrefaits s’élancent du fond de l’excavation, et leur couleur noirâtre ou fauve forme avec la blancheur des neiges qui les entourent, un contraste plein d’étrangeté.

À deux lieues de là, nous fîmes une autre rencontre, moins scientifique peut-être, mais en revanche plus pittoresque. Au pied d’un chaînon circulaire que, ne pouvant franchir, nous avions contourné, nous trouvâmes un petit lac de figure irrégulière, encaissé dans les neiges, et dont l’onde immobile avait la couleur de l’étain. Un ruisseau s’échappait de ce lac, et, après avoir décrit dans l’est quelques longues courbes, profitait de la déclivité du sol pour abandonner l’est et couler vers le nord. Ce charmant bassin, qu’aucun hydrographe ne se fût avisé d’aller