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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/36

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et le couvert, qu’il fit volte face et rentra sous son toit, où nous le suivîmes. Les murs de ce logis, composé d’une seule pièce, étaient treillisés comme une volière, circonstance qui permettait aux quatre vents d’y circuler en liberté. Trois pierres calcinées désignaient le foyer domestique et les peaux de mouton, empilées dans un coin, pouvaient, selon l’heure ou la fantaisie, servir de sopha pour la sieste ou de couche pour le sommeil. Nos amis, qui gardaient un doux souvenir de Lauramarca et de son hospitalité princière, furent désagréablement surpris à l’aspect de la misérable demeure où le sort les contraignait de passer la nuit. Je les vis échanger entre eux des regards de désappointement que notre hôte ne surprit pas, occupé qu’il était à empêcher le vent de tourmenter sa chandelle. Cependant, il faut lui rendre cette justice, au lieu de nous prier d’aller chercher un gîte ailleurs, comme son dénûment lui en donnait un peu le droit, il poussa l’obligeance jusqu’à nous indiquer les angles de sa cage où nous aurions moins à souffrir du vent et de la pluie, s’il prenait fantaisie au ciel de nous envoyer une averse pendant la nuit. À ces indications charitables, il joignit quelques tubercules bouillis à l’eau, un régime de bananes mûres et un cuisseau de cerf fumé, qu’il décrocha d’une solive et qu’il mit devant nous, en nous engageant à ne pas l’épargner. Nous usâmes si largement de la permission, qu’une