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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/10

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les flancs d’une montagne, d’où le regard embrasse un horizon immense, tantôt enfin, au grand effroi du voyageur, ce même chemin, transformé en étroit sentier, longe les parois d’un abîme de quelques mille pieds de profondeur.

Le jour allait finir quand nous atteignîmes la poste de Huallata, misérable cahutte assise sur une colline exposée aux quatre vents. Une Indienne en haillons était accroupie devant un feu de bosta[1] et allaitait un enfant, tout en surveillant de l’œil la marmite en terre dans laquelle mijotait son souper, une poignée de farine de maïs délayée dans de l’eau. En me voyant entrer sous son toit, la femme murmura un Alli llamanta[2] puis, sans attendre ma réponse, prit son marmot d’une main, son souper de l’autre, et passa dans une autre pièce, me laissant maître de céans. J’examinai le bouge où nous devions passer la nuit. Une cloison en terre sèche le divisait en deux parties. Les murs, criblés de lézardes, offraient ces tons dorés de vieilles pipes dont nos coloristes modernes ont tant abusé dans leurs tableaux d’intérieur. Du plafond, tapissé de toiles d’araignée, pendaient, concurremment avec de longues mèches de chaume que le vent faisait remuer, des cerceaux emboités les uns dans les au-

  1. Excréments de lama qui servent de combustible aux Indiens des hauteurs.
  2. C’estle bonjour des Quechuas.