Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ration autant que par la qualité de leur matière, me semblaient dignes d’intérêt, j’interrogeai mon factotum femelle, qui m’apprit que ces tampons de feuilles étaient destinés à calfeutrer le plafond de ma chambre à coucher, par les crevasses duquel des légions de surmulots, domiciliés depuis longtemps dans le chaume de la toiture, avaient l’habitude de s’introduire chaque nuit dans l’intérieur de la maison, pour s’y livrer à des perquisitions gastronomiques, quelquefois même à des ébats folâtres, dont mon sommeil pourrait être troublé. J’attendis patiemment que ces réparations urgentes fussent terminées, et quand mon plafond eut été restauré, que j’eus donné ma bénédiction aux enfants[1] et reçu mon bougeoir des mains d’Antuca, je passai dans la seconde pièce, où je trouvai mon almofrez[2] ouvert et ma couche dressée. Dix minutes après, j’étais enseveli dans un profond sommeil.

  1. Cette formalité, que les domestiques d’une maison ne manquent jamais d’accomplir à l’égard de leurs maîtres et des visiteurs inconnus qui se trouvent présents à l’heure du coucher, consiste de leur part en un souhait de bonne nuit, suivi d’un baiser qu’ils déposent sur la main de la personne à qui ils s’adressent, hommage auquel celle-ci répond invariablement par les paroles Anda con Dios, en leur imposant les mains.
  2. Grand porte manteau en cuir brut, muni d’une chaîne et d’un cadenas, et dans lequel est renfermé un coucher complet. Ce porte manteau est indispensable dans un voyage à travers les sierras, où la plupart du temps on est obligé de dormir à terre.