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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/102

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parfaite. Quant aux molosses, retenus sur le seuil par la crainte des coups de fouet, je les entendais geindre et soupirer avec des inflexions de voix qui témoignaient autant de sympathie pour ma personne que d’envie de prendre part à mon souper.

Au bout d’un quart d’heure, j’avais satisfait aux exigences de mon estomac, fait le nœud de rigueur à ma serviette, et, comme je retirais de ma poche mon étui à cigarettes, Antuca, comprenant à ces démonstrations muettes que je lui donnais carte blanche, s’empressa d’enlever les restes du chupé, dont elle fit quatre parts inégales, s’adjugea la plus forte et distribua les trois autres aux enfants, qu’elle entraîna sur ses pas à l’extrémité de la varanda. Là, chacun d’eux s’assit à terre et se mit à expédier sa pitance avec une activité de mâchoires qui dénotait un appétit longtemps contenu. Après le tour des gens vint celui des chiens, qui furent chargés du nettoyage de la marmite et des assiettes, et s’en acquittèrent en conscience.

Tandis qu’en femme d’ordre, ma ménagère, avant de se coucher, ramassait çà et là ses divers ustensiles et les empilait dans un coin, les jeunes Indiens, qu’elle avait dépêchés au dehors sans leur donner le temps d’avaler leur dernière bouchée, reparurent portant des brassées de luzerne avec laquelle ils se mirent à façonner des tampons. Curieux de connaître la destination de ces objets qui, par leur configu-