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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/105

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le pain jusqu’à la moutarde, j’aurais à tirer toutes mes subsistances d’Aréquipa. Après mûre délibération, il fut décidé que, le samedi de chaque semaine, Antuca, à califourchon sur un âne que je devais louer à cet effet, se rendrait à la ville pour y faire nos provisions solides et liquides chez les fournisseurs de sa connaissance : deux mannes en osier, munies de leurs couvercles et accrochées au bât de l’Aliboron, devaient servir au transport des denrées. Afin de ne pas surmener l’animal, Antuca offrait généreusement d’effectuer le retour à pied.

Je remerciai la brave femme du zèle qu’elle manifestait à l’endroit de mon service, et l’engageai à persévérer dans ces louables intentions, l’assurant qu’elle n’aurait jamais à se plaindre de moi si sa conduite était toujours à la hauteur des circonstances. Comme je terminais cet entretien par quelques instructions sur la façon toute maternelle dont je désirais qu’elle traitât les jeunes Indiens que je plaçais sous sa tutelle, elle m’interrompit dès les premiers mots, pour m’assurer qu’à cet égard je pouvais être parfaitement tranquille ; non-seulement elle se chargeait avec plaisir de la surveillance des enfants, mais elle promettait encore de développer leurs qualités naissantes et de raccommoder leurs chausses ; quant aux soins à donner à ma personne, jamais évêque ou archevêque, assurait-elle, n’aurait été plus dorloté que moi. Mes cigarettes seraient