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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/106

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prises chez la bonne faiseuse, mon linge parfumé aux mille fleurs, ma chère des plus délicates, et si quelque voisin, de l’un ou de l’autre sexe, s’avisait de tenir sur mon compte des propos peu séants, c’est elle, Antuca, qui se chargeait de lui en demander raison.

Devant un pareil dévouement, qui me débarrassait des tracas du ménage et me laissait le libre emploi de mon esprit et de mon temps, je me sentis pénétré d’une si vive reconnaissance, que j’abandonnai sur-le-champ les rênes de l’État et la conduite des affaires à mon fidèle ministre, bornant désormais mes aspirations à cette royauté paisible que Béranger a immortalisée dans la plus naïve de ses chansons.

Grâce à l’abandon complet de tous mes pouvoirs, abandon qui me procura d’immenses avantages, pendant qu’Antuca en retirait à peine quelques légers profits, mon bonheur domestique fut sans nuages, et, pendant cinq mois que j’habitai le manoir d’Umaro, je le déclare ici, à la louange de mon majordome femelle, et puisse ma déclaration lui valoir que de droit près d’un célibataire ou d’un voyageur à venir, jamais, au retour de mes longues courses, je ne manquai de trouver mes pantoufles à ma portée et mon dîner servi à point.