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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/117

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je me permettrai de vous adresser une petite question.

— Monsieur, je suis tout à vos ordres.

— Dites-moi qui vous a si bien instruit de l’emploi de mon temps, non pendant la journée, où soit d’un clocher, soit d’une fenêtre, chacun peut me voir sur les grands chemins, mais pendant la nuit, où j’ai l’habitude de rester chez moi et de tenir ma porte fermée ?

— Pur hasard, monsieur, pur hasard ; votre cuisinière étant venue dans le pueblo pour y faire emplette de jeune volaille, de laquelle, me dit-elle, vous étiez très-friand, j’eus l’honneur de lui vendre quelques élèves de ma basse-cour, et de fil en aiguille, nous en vînmes à parler de vous. C’est une bien respectable et bien honnête femme, monsieur, que votre Antuca : sans compter qu’elle n’a pas sa pareille dans toute la province pour l’assaisonnement d’un locro[1] ou la préparation d’un disparate[2]. »

En qualité de maître d’Antuca, il était de mon devoir de remercier M. Tamal de l’opinion flatteuse qu’il venait d’émettre sur le compte de ma cuisinière, et des éloges non moins flatteurs qu’il tributait à son talent, et c’est ce que je m’empressai de faire ; puis, comme l’heure était venue pour moi de mettre ce

  1. Ragoût de viande à la purée de piment.
  2. Macédoine de légumes cuits dans le saindoux et saupoudrés de piment.