Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

talent à l’essai, comme mon estomac me donnait avis que la nappe devait être mise et les jeunes Indiens placés en vedette, pour indiquer, en même temps que mon apparition, le moment opportun de servir le potage, je me disposai à prendre congé de ma nouvelle connaissance, qui, par politesse, voulut m’accompagner jusqu’à l’extrémité du verger. Chemin faisant, j’appris de mon complaisant cicerone que ce riant Éden, d’environ deux kilomètres de long sur un kilomètre de large, et connu dans le pays sous le nom du Val des Poiriers, était divisé en une cinquantaine de lots, appartenant à autant de propriétaires, qui s’efforçaient d’en tirer tout le parti possible, les uns en faisant vendre leurs fraises et leurs poires au marché d’Aréquipa, les autres en louant leurs chaumières à l’heure ou à la journée à des couples mystérieux que la nature de leurs relations obligeait à rechercher la solitude.

En me séparant du sonneur de cloches, je l’engageai très-instamment à venir me voir, dès qu’il l’aurait pour convenable, comptant bien, une fois notre connaissance établie, lui demander, dans l’intérêt pittoresque de mon voyage, quelques renseignements sur son passé, et les rapports qu’il disait avoir eus avec la justice, rapports qui, à en juger par l’amertume de ses paroles, paraissaient n’avoir eu rien de flatteur pour lui.

À quelques jours de là, et comme une pluie intem-