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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/119

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pestive m’avait retenu chez moi, j’entendis les chiens aboyer avec fureur, ainsi qu’ils avaient l’habitude de le faire quand une figure étrangère se présentait aux portes du domaine. Je me levai pour connaître la cause de ce tapage, et j’aperçus, entre la dernière maison du pueblo et le sentier qui conduisait à ma demeure, mon cicerone des poiriers, José Tamal, qui, debout sur la toiture d’un parc à moutons, faisait avec un de ses bras des signaux de détresse, tandis que de l’autre, il s’efforçait de retirer de la gueule de Lechuza et de celle de Gavilan, un pan de son manteau que les deux chiens avaient saisi et qu’ils secouaient avec acharnement. Connaissant l’humeur intraitable de ces derniers à l’endroit des visiteurs inconnus, et tremblant que de l’étoffe du manteau ils ne passassent bientôt à la chair de son propriétaire, je ne fis qu’un saut de la varanda dans le chemin. À mon aspect, les chiens, comprenant que la proie sur laquelle ils avaient compté allait leur échapper, donnèrent un tel coup de collier, que chacun d’eux resta possesseur d’un lambeau de bayeta, qu’il emporta comme un trophée.

J’aidai José Tamal à descendre du piédestal qu’il s’était choisi, car la peur le faisait trembler comme une feuille ; puis, quand il eut recueilli çà et là quelques plantes qu’il m’apportait et qu’il avait laissé choir au début de l’attaque, je guidai ses pas vers la varanda en le priant d’excuser l’incivilité de mes do-