Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinq lieues de long sur trois lieues de large, qui touche d’un côté au littoral de Mejillones, de l’autre à celui de Mollendo, et forme cette grande baie comprise entre le 17e et le 18e degré de latitude australe. J’ajouterai que la distance entre Copiapo et Mejia est de cent quatre-vingt-quinze lieues marines si on la mesure sur une carte au moyen du compas, et de trois cent sept lieues communes si, comme moi, on la parcourt à l’aide de ses jambes.

Je me trouvais donc, comme je l’ai dit, sur la plage de Mejia. J’avais à ma droite la pointe d’Islay et ses roches noires, pareilles à des croupes de cachalots : à ma gauche, la ligne verdoyante tracée d’est à ouest par le val de Tambo ; derrière moi, un désert de sable hérissé de dunes mouvantes, et devant moi l’océan Pacifique, dont la nappe bleue se confondait à l’horizon avec l’azur du ciel.

Ce paysage aride et monotone, où le soleil versait des torrents de lumière, n’était animé que par des troupes d’oiseaux marins, qui se croisaient, se cherchaient, s’évitaient à travers l’espace, par des mnanchots debout sur les rocs isolés, et des phoques soufflant et s’ébattant le long des plages. Aucun bruit ne troublait la vaste étendue, si ce n’est celui d’une triple lame courbée en volute, qui, du cap de Coles à la pointe d’Islay, se dressait à temps égaux, et, poussée par le vent du sud, venait déferler sur la plage, où son écume argentée justifiait admirable-