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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/175

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ment l’épithète d’Arguropodos, que le galant Homère donne à la nymphe antique.

J’avais élu domicile à cent pas de la mer ; ma demeure était représentée par une natte posée sur quatre pieux ; mon mobilier se composait de deux peaux de mouton qui, selon l’heure, me servaient de siége ou de couche. Grâce à la construction primitive de ce logis, la nuit, en m’éveillant, j’avais la faculté de contempler le ciel semé d’astres sans nombre, la mer phosphorescente et l’ajoupa pareil au mien, sous lequel dormaient pêle-mêle deux hommes et deux femmes de la nation Llipi, que j’avais pris à mon service.

Or, depuis les bords de la rivière Loa, où nous nous étions rencontrés, jusqu’à la plage de Mejia que nous venions d’atteindre, après deux mois de marche, de fatigue et d’intimité, voici quelles avaient été, près de ma personne, les attributions de chacun de ces aborigènes : selon l’éventualité des circonstances, l’absence d’eau potable ou le désir manifesté par moi de transporter ailleurs mes pénates, les deux hommes enlevaient les pieux et les nattes de nos demeures, rassemblaient les peaux de mouton, plaçaient le tout sur leurs épaules et se dirigeaient à pas lents vers le lieu que j’avais choisi ; les femmes défilaient à leur suite, l’une portant mes collections d’histoire naturelle sur son dos et mes cartons à dessin sur sa tête ; l’autre chargée des