Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment ficelés, furent remis au mozo, qui les arrima comme il put sur la croupe de sa monture ; puis quand j’eus enfourché la mienne, j’invitai du geste les Indiens à se rapprocher. Après les avoir remerciés de leurs bons et loyaux services, et leur avoir remis huit piastres fortes, montant de leur salaire, je leur dis qu’ils étaient fibres d’emporter vers leurs foyers lointains ma tente et ses piquets, les toisons de ma couche et la marmite en fer battu, que je leur abandonnais à titre de souvenir. Si le premier mouvement de ces indigènes fut de bondir de joie, comme les collines de l’Écriture, le second fut d’entonner une espèce de thrénodie à propos de notre séparation : et comme les femmes, renchérissant sur la douleur feinte ou réelle de leurs maris, jetaient déjà des cris perçants en faisant mine de tirailler leur chevelure, je donnai à mon guide le signal du départ. Dix minutes après, une chaîne de dunes dérobait à nos yeux la plage de Mejia, témoin de mes adieux touchants avec les Llipis.

Nous cheminâmes pendant une couple d’heures à travers la région des sables, que nous laissâmes ensuite à notre gauche, pour entrer dans cette zone de cendres trachytiques que tous les voyageurs qui nous ont précédés ont parfaitement observées, mais sur l’origine desquelles ils se sont généralement mépris. Le sabot de nos montures plongeait dans cette poussière ténue et l’éparpillait en nuages au-