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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/184

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tourr de nous. À chaque instant, bêtes et gens éternuaient à qui mieux mieux. La chaleur, jointe à cette cendre que j’avalais régulièrement avec chaque bouffée d’air, ne tarda pas à m’occasionner une soif atroce. Je demandai alors au mozo s’il ne connaissait pas dans les environs quelque réservoir, pozo ou étang, fût-ce d’eau croupie, où je pusse me désaltérer, mais il me répondit que nous ne trouverions de l’eau qu’en entrant sous les olivares, encore cette eau était-elle à demi-saumâtre, et le premier olivar éloigné de six lieues. C’était à devenir enragé.

J’essayai d’oublier la soif qui me dévorait en examinant le paysage ; mais de quelque côté que se portassent mes regards, je ne vis qu’une nappe grise, bornée par un horizon de brumes roussâtres, et sur le sol poudreux et crevassé, de glauques cirius et quelques héliotropes, dont les longues gaules, dépourvues de feuilles, portaient à leur extrémité une ombelle de fleurs bleuâtres à odeur de vanille[1].

À mesure que nous avancions, le sol devenait de plus en plus meuble, la cendre de plus en plus impalpable, et nos mules y enfonçaient jusqu’à mi-

  1. C’est par erreur que M. Bernard de Jussieu a placé l’heliotropus peruvianus dans l’intérieur de la Cordillère occidentale. Cette borraginée ne croît que dans la région des Lomas, entre la zone des sables et celle des cendres, à deux ou trois kilomètres de l’Océan. Passé cette région, elle disparaît complétement et est remplacée par le genre Lantana, qu’on trouve soixante lieues plus loin, sur le versant des Andes orientales.