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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/193

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compté sur la générosité inhérente à leur sexe, et le succès réalisa mes prévisions. À peine surent-elles que j’aimais mieux dormir que de danser un pas de caractère, qu’elles sacrifièrent sans hésiter leur plaisir à ma convenance. Un Indien fut chargé de me conduire à mon aposento, au seuil duquel, en échange de mes adieux, je reçus de mes charmantes hôtesses mille souhaits de santé, de bonheur, mille vœux pour la réussite de mes projets, vœux et souhaits que le général confirma par un abraso à la mode espagnole.

Un peu avant l’aube, mon guide grattait à ma porte pour m’avertir qu’il était temps de nous mettre en route. Je trouvait devant la maison nos mules harnachées. Les alforjas de ma selle, bourrées d’oranges, de grenades et de tronçons de cannes à sucre, témoignaient d’une touchante sollicitude de la part de mon hôte et de sa famille. De son côté, le mozo était chargé d’un sac de pastèques, qui, superposé au bagage que déjà il portait en croupe, formait derrière lui comme un cheval de frise, et pouvait au besoin lui servir d’oreiller.

Au sortir de l’hacienda, nous longeâmes la base des serros qui bordent le val de Tambo dans l’aire du nord-ouest. J’entrevoyais confusément, à une centaine de mètres au-dessous de moi, les masses sombres, formées par les plantations de cannes à sucre, de riz et de coton. Une rivière descendue des