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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/197

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Grâce à cette précaution, le trajet s’accomplit sans encombre, et, vers midi, au moment où le soleil faisait rage, nos bêtes frémissantes et le poil baigné de sueur abandonnaient la région des rochers et des cendres, pour entrer dans une vaste plaine dont le sable me parut aussi fin que du calcaire pulvérisé. La chaleur était étouffante. J’essayai d’étancher la soif qui me dévorait en grignotant quelques tronçons de cannes, mais la substance saccharine qui en découlait irritait la gorge au lieu de l’humecter, et j’eus alors recours aux pastèques, dont l’eau fraîche et limpide me satisfit à souhait. L’écorce de ces cucurbitacées fut offerte ensuite à nos mules, qui n’en firent qu’une bouchée.

La plaine au sable tamisé, que nous eûmes bientôt franchie, portait, d’après le dire de mon guide, le nom de Pampa del Inca. Comme la dynastie de ces souverains se compose de treize individus, si l’on en croit Garcilaso, et de cent trente, si l’on consulte Torquemada, je m’empressai de demander au mozo le nom du fils du Soleil qui, le premier, s’était aventuré dans ces chaudes régions ; mais l’homme, croyant que je voulais me moquer de lui, me répondit assez sèchement qu’il n’avait pas eu le temps de l’apprendre. Piqué de la réponse, et surtout du ton dont elle était faite, j’imaginai, pour humilier le drôle, d’évoquer un à un mes souvenirs historiques, et, après quelques minutes de contention d’esprit,