Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’eus la satisfaction de lui annoncer que le souverain en question était Capac-Yupanqui, cinquième empereur du Pérou qui, vers le milieu du treizième siècle, avait traversé ces déserts pour subjuguer les nations Quellcas, Changos et Moquehuas, alors en possession des vallées du littoral. Ce trait d’érudition dut me grandir dans l’esprit du mozo, car il piqua vivement sa monture et mit entre nous deux une distance respectueuse.

Ainsi cheminant, nous nous engageâmes dans une gorge formée par le rapprochement de deux assises de grès quartzeux, au delà de laquelle s’étendait une seconde plaine, hérissée de monticules d’environ deux cents mètres de base sur trente mètres de hauteur. À la configuration de ces collines, autant qu’à la rectitude de leurs niveaux et de leurs plans qui révélait le travail de l’homme, je compris que j’étais tombé au milieu d’un de ces cimetières indiens, dont la date est antérieure à la conquête espagnole. Or, sachant, pour l’avoir expérimenté vingt fois aux alentours de Cobija, d’Arica et de Mejillones, que les corps des défunts sont à peine enfouis à un pied sous terre et recouverts d’un sol si meuble, qu’on peut facilement l’excaver avec les mains, j’obligeai ma mule, malgré la répugnance qu’elle manifestait, à gravir un de ces tertres tumulaires. Là, je mis pied à terre, et, après avoir trouvé, en frappant du talon, l’endroit où je devais