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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/208

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diquer l’endroit où je devais trouver le souper et le gîte.

Cette réponse me tranquillisa jusqu’à un certain point, et, comme le jour baissait déjà rapidement, je m’empressai d’éperonner ma mule, afin qu’elle se rapprochât autant que possible de celle du guide, qui, par un procédé que j’ignore, avait obtenu de sa bête une vigueur d’allure que la mienne, malgré tous les moyens coercitifs que j’employais à son égard, était loin d’égaler.

La nuit nous surprit, marchant à la suite l’un de l’autre et tournant sur nous-mêmes, comme dans un manége. Les angles des serros nous faisaient des perspectives de dix pas, et la hauteur de leurs parois, interceptant complétement « cette obscure clarté qui tombe des étoiles, » nous ne tardâmes pas à nous trouver au milieu de ténèbres si profondes, que, sentant ma mule broncher à chaque pas, et craignant qu’elle ne restât en chemin, je hélai le mozo qui me devançait en éclaireur, et lui rappelai que je l’avais pris à titre de guide ; qu’en conséquence, au lieu de trotter en avant, il eût à rester près de moi. L’homme s’empressa d’obéir, et comme ses vêtements sombres, qui se confondaient dans la nuit, ne pouvaient me servir de phare, il lui vint l’ingénieuse idée de dérouler le paquet de lazos que les gens de sa condition portent à l’arçon de leur selle et de m’en confier un bout, pendant qu’il de-