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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/207

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Leurs blocs de grès, chauffés par le soleil de la journée, y déterminaient, comme autant de calorifères, une chaleur sénégambienne. En un instant, je me sentis mouillé de la tête aux pieds. Mon feutre, que j’agitai en guise d’éventail, m’aida puissamment à combattre les suffocations. Après une heure de marche, employée tout entière à cet exercice, je crus m’apercevoir que les détours du labyrinthe, loin de se simplifier, étaient devenus tout à fait inextricables. Les sentiers mêlés, croisés, confondus l’un dans l’autre, ressemblaient aux fils d’un écheveau brouillés par la patte d’un chat ; ma découverte avait cela d’inquiétant, que le ciel, découpé par bandes étroites au-dessus de nos têtes et vers lequel je levai les veux, m’avertissait, par la nuance sensiblement foncée de son azur, que la nuit ne tarderait pas à succéder au jour.

La situation devenait d’autant plus critique, qu’à part la lassitude réelle que ma monture paraissait éprouver, je sentais mon estomac, affaibli par les substances aqueuses dont je l’avais leurré plutôt qu’alimenté pendant la journée, témoigner, par des tiraillements de plus en plus énergiques, le besoin qu’il éprouvait d’une nourriture solide. Je demandai donc au mozo s’il comptait bientôt finir la journée ; il me répondit que telle était son intention et qu’aussitôt sortis des défiés dans lesquels nous cheminions, il aurait l’honneur de m’in-