du sud au nord, bornée à l’horizon par un amphithéâtre de montagnes neigeuses qui semblaient escalader les nues.
Cet étrange tableau, devant lequel Martinn fût resté en extase, ne me causa qu’un intérêt médiocre ; il est vrai qu’une brise du nord-est, soufflant des montagnes, me frappait en pleine poitrine et contenait mon enthousiasme au-dessous de zéro. Nos mules, en aspirant cet air pur mais glacé, hennirent, dressèrent les oreilles, et, se raffermissant sur leurs jarrets, détachèrent deux où trois ruades, comme pour s’assurer de l’élasticité de leurs jambes, puis, satisfaites du résultat, prirent d’elles-mêmes un trot allongé. Distrait par le paysage que j’avais sous les yeux, je ne remarquai pas tout d’abord que mon guide, au lieu de tenter la descente et de se diriger vers les points lumineux épars dans la plaine, les laissait à sa gauche, et, longeant la crête des serros, me remorquait obstinément vers le sud. À peine eus-je noté le fait, que, persuadé que nous faisions fausse route, j’imprimai à la corde une secousse furieuse, en criant au mozo de s’arrêter.
« Où diable sommes-nous et où me menez-vous ? lui demandai-je.
— Nous sommes au-dessus de la vallée d’Aréquipa, me répondit-il. Ces lumières, que vous voyez là-bas au pied des montagnes, sont les lanternes de