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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/211

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la ville ; celles-ci, plus rapprochées de nous, sont les chandelles des villages, et je vous conduis à Paucarpata, chez une comadre à moi, où vous serez hébergé comme un prince.

— Est-ce encore loin d’ici ?

— Non, me dit le mozo, deux petites lieues à peine, qui, en les ajoutant aux vingt-trois que nous avons déjà faites à cette heure, donneront un total de vingt-cinq lieues pour la journée.

— Vingt-cinq lieues ! m’écriai-je.

— En comptant bien, répliqua négligemment le mozo, on en trouverait peut-être vingt-sept.

— Passons, lui dis-je ; seulement, écoutez-moi, mon brave, et surtout retenez bien ce que je vais vous dire : comme la nature ne m’a pas gratifié d’os en fer-blanc et de muscles en caoutchouc, pour faire impunément vingt-cinq lieues par jour, et que j’entends voyager à mon aise et non me voir traité ni plus ni moins qu’un ballot de marchandises, c’est moi qui désormais réglerai la longueur des étapes. En route, maintenant. »

Cette décision parut contrarier le mozo, mais il dissimula son dépit sous un air enjoué, en m’assurant qu’en ma qualité d’ami de M. Saunders, il ferait tous ses efforts pour m’être agréable. Puis, afin de dissiper les nuages que cette altercation aurait pu laisser entre nous, il rapprocha sa monture de la mienne et me demanda d’un ton doucereux si, le