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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/213

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sentais, s’augmentant encore de la débilité de mon estomac, j’eus quelque peine à mettre pied à terre devant le rancho, au volet duquel mon guide alla frapper, en priant sa comadre de lui ouvrir la porte.

Mais, soit que le sommeil de celle-ci fût très-profond, soit que l’heure lui parût trop avancée pour ouvrir son huis, un silence morne accueillit d’abord les prières du mozo, et ce ne fut qu’à la cinquième fois que son nom eut été répété avec des intonations de plus en plus élevées, que la comadre se décida à donner signe de vie, en demandant d’une voix criarde qui frappait ainsi chez elle et ce qu’on lui voulait.

« C’est moi, Pacheco, lui répondit le guide ; je conduis à Puno un voyageur qui meurt de faim et tombe de sommeil ; dépêche-toi d’ouvrir, corazoncito ! »

Mais celle à qui le mozo adressait la qualification aimable de « petit cœur, » se contenta de répondre : « Il y a des peaux de moutons sous le hangar, un reste de chicha dans la jarre : arrange-toi comme tu pourras, et laisse-moi dormir. J’ai ma filleule de Characato avec moi. »

Ces paroles me firent l’effet d’un coup de bâton sur la nuque. Ma tête retomba sur ma poitrine, et peu s’en fallut que mes jambes ne se dérobassent