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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/212

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cas échéant, je ne consentirais pas à lui rendre un petit service…

« Expliquez-vous, fis-je d’un air bourru.

— Monsieur, me dit-il, reviendra probablement à Islay et y restera quelques jours. Comme ma femme a l’honneur de blanchir le linge de la famille Saunders, rien n’empêche qu’elle ne blanchisse également celui de monsieur…

— Eh bien ! quand cela serait ?…

— Ah ! c’est qu’alors je prierais monsieur de ne jamais dire à ma femme en quel endroit nous coucherons ce soir. Les femmes ont quelquefois de si drôles d’idées sur le compte de leurs maris ! Il suffirait que la mienne apprît qu’au lieu de conduire monsieur dans une posada, je l’ai mené chez ma comadre, pour qu’elle imaginât… Bref, il est mieux qu’elle n’en sache rien, et je compte sur la discrétion de monsieur à cet égard. »

Je ne pus m’empêcher de rire, et promis au mozo que je serais sourd, aveugle et muet, à l’endroit de sa femme et de sa comadre.

Il était dix heures quand nous entrâmes dans le village de Paucarpata, après avoir traversé la vallée d’Aréquipa au-dessus de Sabandia, et passé à gué deux ou trois torrents. Dix-huit heures de chevauchée à travers les sables, les cendres et les pierres, sous un soleil de feu et par un froid de glace, m’avaient mis sur les dents ; et la fatigue que je res-