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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/22

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« Eh bien, la Juana ! » lui cria le guide, qui débarrassait les mules de leurs harnais.

Ces simples mots, par la façon dont ils furent prononcés, produisirent sur l’Indienne un effet singulier ; sans prendre le temps de se vêtir, elle s’accroupit devant l’âtre, remua les cendres, ralluma le feu, plaça sur trois pierres branlantes une marmite en terre, qu’elle avait remplie d’eau, et, suivant à la lettre les instructions du guide, s’empressa de mettre un peu d’ordre dans sa demeure.

Santiago entra comme elle achevait sa besogne. Avec un aplomb magistral, le mozo lui remit un quartier de notre mouton, lui dit de le couper par morceaux et de mettre ces derniers dans la marmite, L’Indienne obéit avec la docilité d’un caniche, et, sa confiance renaissant à mesure que son premier étonnement se dissipait, elle offrit d’ajouter au potage des ognons et des pommes de terre qu’elle avait en réserve.

Quand le chupè fut cuit à point, on m’en servit une portion copieuse dans une espèce de soupière. Je m’assis à terre, plaçai le vase entre mes jambes, et m’occupai immédiatement à satisfaire mon appétit. Le mozo suivit mon exemple, et le bruit de nos mâchoires, joint au silence dans lequel nous nous renfermions, dut prouver à la Juana qu’il y aurait eu cruauté de sa part à nous refuser l’hospitalité.

Le souper terminé, une question assez délicate