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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/231

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de leur tête. Une auge de granit, peine d’une eau limpide à demi glacée, servait à étancher la soif de ces intéressants quadrupèdes.

La demeure des chinchillas, construite en forme de montagne, avec des éclats de pierre enduits de ciment, occupait toute une paroi du rectangle. Grâce aux vasistas et aux œils-de-bœuf ménagés avec art sur les escarpements de cette fabrique, les charmants rongeurs, aussi à l’aise que dans leurs terriers natals de la Bolivie et du Chili, circulaient agilement autour de leur demeure, l’arpentaient de la base au faîte, entraient par un trou, ressortaient par un autre, témoignant par de petits cris le plaisir que leur causait ce genre d’exercice.

Après un instant de contemplation muette, que je n’eus garde d’interrompre, M. Reegle alla prendre dans un sac une poignée de grains de maïs, et fit entendre une espèce de gloussement auquel accoururent tous les chinchillas, sans distinction d’âge ou de sexe ; puis, quand ces animaux furent réunis, il s’amusa à leur jeter un à un les grains de maïs, que ceux-ci se disputaient avec furie. Quand l’un des rongeurs était parvenu à s’emparer du grain convoité, il l’emportait dans son trou, le grignotait ou le cachait, et revenait bien vite d’un air de ruse intelligente en réclamer un autre.

Pendant cette distribution, les ruminants, accroupis sur la litière et les jambes reployées sous le