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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/24

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s’enfuir sans payer leur écot, était venue les prendre au saut du lit, bien décidée à leur barrer le passage. La gratification que je lui donnai devait dépasser toutes ses espérances, à en juger par ses remercîments, qui duraient encore au moment où je m’éloignai. Je n’ai jamais vu reconnaissance plus loquace que celle de cette Huarmipampayrunacuna, car telle devait être la condition de Juana, notre hôtesse, si j en crois l’expression échappée à la servante du curé.

Au sortir d’Ocoruro, le chemin, au lieu de monter comme il avait fait jusqu’alors, se mit tout à coup à descendre, et nous profitâmes de cet avantage pour changer le pas habituel de nos mules en un trot allongé. Comme le ventre ballonné de ces animaux témoignait d’une réfection copieuse, et que je n’avais aperçu ni grain ni fourrage aux alentours de notre demeure, je demandai au guide la raison de cet embonpoint, que j’étais tenté d’attribuer à une hydropisie. Le mozo me rassura en m’apprenant qu’il avait arraché une partie du chaume qui recouvrait la hutte pour la donner à ses bêtes, lesquelles s’étaient très-bien accommodées de cet aliment.

Après quelques heures d’une descente non interrompue, la température s’adoucit sensiblement, et les sommets neigeux ne tardèrent pas à disparaître à l’horizon. Des fougères et des scolopendres se