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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/25

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montrèrent dans le creux des rochers, la mousse et l’herbe rase tapissèrent le sol des Punas, et, sur un monticule, à vingt pas du chemin, j’aperçus quelques myrtes nains ramassés en boule[1].

Dans l’après-midi, nous avions traversé la région des punas, ces plateaux andéens dont l’élévation dépasse les plus hauts sommets des montagnes d’Europe, et d’assise en assise, de versant en versant, nous nous rapprochions de plus en plus de la zone des cultures, lorsqu’en atteignant le faîte d’un escarpement, mes regards plongèrent tout à coup sur un lac immense, au bord duquel un charmant village à maisons blanches, coiffées de tuiles rouges, s’épanouissait entre les joncs et les roseaux comme la fleur d’un nymphæa. Ce lac, de forme ovale, échancré seulement devant le village, était bordé de tous côtés par une montagne de grès blanchâtre, vasque naturelle, haute de mille pieds, et dont les parois verticales se reflétaient dans l’eau avec une netteté singulière. Tous les nuages du ciel se miraient en passant dans le clair azur de ce bassin dont la tempête n’avait jamais troublé les ondes ; quelques sarcelles brunes y nageaient lentement, laissant après elles un sillage immobile. Vu de haut et de loin, ce tableau dégageait un parfum d’églogue qui rafraîchissait les sens et l’esprit. Les habi-

  1. Myrtus microphylla.