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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/256

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elle lui faisait la guerre à ce sujet, il buvait en cachette et cela le gênait ; depuis qu’elle est morte, et voilà six ans, il en prend si bien à son aise, que je parierais qu’il ne s’est pas encore dégrisé. Je lui ai prédit qu’il finirait mal. »

Comme j’engageais le consul à revenir sur sa sinistre prophétie, quelques pétards éclatant dans la rue et le carillon de toutes les cloches nous apprirent que la cérémonie allait avoir lieu. M. Saunders, en sa qualité d’ami de la maison, ouvrit sans scrupule les portes qui conduisaient au premier étage et m’invita à le suivre sur le balcon, d’où nous pourrions jouir du coup d’œil de la procession et voir défiler le cortége. J’acceptai avec d’autant plus d’empressement, qu’une solitude complète régnait déjà dans le logis ; maîtres et serviteurs l’avaient laissé à notre garde, pressés qu’ils étaient de se rendre à l’église.

Une foule compacte emplissait les rues. Je remarquai avec plaisir que le beau sexe en formait la majorité ; mais quelque attrayant que fût l’aspect des Chacareras, avec leur robe courte à volants empesés et leur chapeau tromblon posé sur l’oreille, j’avoue que, par amour du pittoresque, mes regards se fixèrent de préférence sur les femmes du peuple, dont l’épiderme couleur d’acajou neuf, la chevelure ébouriffée et les vêtements bariolés, offraient un coup d’œil des plus pittoresques. La plupart d’en-