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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/261

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complétaient ce riche costume. La coiffure de la dame Matara était des plus simples. Ses cheveux d’un noir bleuâtre, lavés à l’urine[1], lustrés au suif de mouton, et séparés par une raie médiane, pendaient sur son dos, divisés en une cinquantaine de tresses, qu’un morceau de plomb roulé rattachait en faisceau à leur extrémité.

À quelque distance du couple, s’avançait le curé, revêtu d’une splendide chappe, offerte à titre de présent par le parrain et la marraine de l’Indépendance. Le sacristain de la Matriz, tête et jambes nues, abritait le chef du pasteur sous un parasol à longue canne, qui rappelait l’achihua des empereurs péruviens. Il est vrai que ce parasol, au lieu d’être tissé en plumes, était couvert en cotonnade rouge, et que le bedeau qui faisait l’office de ccumillu, n’était ni nain, ni bossu, comme l’individu chargé de ces fonctions près des fils du Soleil.

À la gauche du curé se trouvaient quelques vicaires des paroisses voisines, qu’il avait conviés à la

  1. Ce mode d’ablution, qui provoquera une exclamation de dégoût chez nos lectrices, est en honneur chez les Indiennes du peuple et les bourgeoises des villes et des villages de la sierra. L’ammoniaque que contient abondamment ce liquide, prévient, au dire de celles qui s’en servent, le rétrécissement et la dessiccation des bulbes capillaires, et partant, la chute des cheveux. Que la chose soit vraie ou non, toujours est-il que les exemples de calvitie sont inconnus chez ces aborigènes, porteurs au contraire de chevelures luxuriantes, qu’ils conservent parfaitement noires jusqu’à un âge très-avancé.