avait un habit vert chou, à trois basques doublées de rouge, et dont les revers lui descendaient jusqu’aux cuisses. La coupe de ce vêtement témoignait suffisamment de son respect pour les antiques modes de la sierra. Le seul sacrifice qu’il eût cru devoir faire aux idées modernes, consistait dans ses inexpressibles, qui, au lieu d’être des culottes à canons, genre Louis XIII, comme en portent les indigènes, étaient de véritables pantalons à sous-pied. Une touffe de rubans multicolores, accrochés à la boutonnière du Crésus quechua, flottaient au souffle du zéphyr.
Sa respectable épouse, imbue des mêmes préjugés et fidèle aux mêmes idées, avait religieusement conservé le vêtement de sa caste, et portait ce faldellin étroit, court et collant par le bas, espèce de tonnelet plissé, qui donne aux bourgeoises de la sierra l’apparence de gros scarabées. Ajoutons, comme correctif, que ce faldellin, confectionné par le premier tailleur de la ville, — la façon de ce vêtement est du ressort des sastres, — se composait de trente-cinq mètres d’un beau satin de Malaga, couleur cannelle, garni au bas de trois rangs de passementerie de soie noire et de crépines d’or fin, dont l’effet était irrésistible. Une llicella en laine blanche, bordée d’une dentelle d’or, et retenue sur la poitrine par un tupu d’argent, épingle antique en figure de cuiller à soupe, des bas de soie rose et des souliers en prunelle, de la nuance du fourreau,