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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/282

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incontestée. Enfin, il n’était pas jusqu’aux grandes estancias de Pilpinto et du Halconcillo, dont les nombreux troupeaux ne fussent l’objet d’un commerce assez important avec la côte du Pacifique où s’expédiaient leurs laines, et le département d’Aréquipa où se consommaient les sessinas, le beurre et les fromages qu’on en retirait.

Cette énumération des ressources de Cailloma, loin de convaincre le curé, ne fit que le rattacher plus fermement à sa première idée. Mon homme était de cette race autochthone et têtue, dont l’opinion une fois établie résiste à tous les arguments, se refuse à toutes les preuves, et repousserait au besoin jusqu’à l’évidence.

« Vous êtes étranger, me dit-il quand j’eus terminé, et vous ne pouvez juger comme moi des hommes et des choses de notre pays. Depuis que je suis au monde, et voilà bientôt cinquante-sept ans, j’ai connu trois vice-rois et quelques douzaines de présidents, mais je n’ai jamais vu aucun d’eux s’occuper de Cailloma, et surtout y envoyer un ingénieur pour en mesurer la neige et les pierres. Décidément, il y a quelque anguille sous roche…

— Expliquez-moi donc cela, mon révérend ?

— Eh bien ! oui, me dit-il, comme s’il prenait un parti violent, ce mesurage de Cailloma, ce chasqui envoyé de Cuzco, cet agrimensor du génie, tout cela n’est qu’un prétexte ingénieux qu’emploie notre