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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/283

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gouvernement pour frapper d’un impôt extraordinaire la bourse des contribuables ! »

Telle était en effet l’opinion du gobernador, de l’alcade et des notables de Coporaqué, le jour où je visitai leur bourgade, opinion dont le curé de la province de Canas, le révérend docteur don Francisco Bocangelino, s’était fait l’interprète. Je leur en laisse la responsabilité.

Comme l’arrivée du chasqui envoyé par le préfet de Cuzco ne devait précéder que de quelques heures celle de l’agrimensor officiel, le pasteur m’engagea à différer mon départ jusqu’au lendemain, afin, dit-il, que je pusse juger par moi-même de la valeur de ce quidam. J’acceptai sa proposition et, pour m’aider à tromper la longueur du temps, il plaça sous mes yeux quelques échantillons minéralogiques de la province, des cristaux de roche recueillis dans les cavernes de Huarari et des objets du temps de la gentilidad, provenant de fouilles mortuaires pratiquées aux alentours d’Aconcahua, l’ancienne capitale des Canas, qui n’est plus aujourd’hui qu’un pauvre village. Ces objets, d’une valeur archéologique incontestable, vu l’absence de documents certains sur le passé des Indiens Canas et Canchis, consistaient en tissus de laine de vigogne et d’alpaca de couleurs variées et d’une finesse extrême, en vases d’un galbe assez pur, bariolés de grecques et de dessins noirs sur fond rouge, en icones de porphyre