Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noir dans le goût mexicain, et en macanas ou massues de pierre bizarrement sculptées. Pendant que je dessinais les pièces les plus remarquables de son musée, le curé m’entretenait des affaires de la bourgade, des dissensions qui parfois en troublaient l’harmonie, et qu’il attribuait aux médisances de l’épouse du gobernador et de sa rivale, la femme de l’alcade. À ces détails piquants, l’homme de Dieu ajoutait des indications précises sur ses propres affaires, sur les revenus qu’il tirait de la dîme, les poules, les œufs et les cochons d’Inde qu’on lui envoyait en cadeau, et la tournée évangélique qu’il entreprenait une fois par an à travers les quinze hameaux annexés à sa cure, pour distribuer le pain de l’esprit à des indifférents qui n’appréciaient guère que le pain du corps. Le chiffre annuel de ses aumônes s’élevait à vingt piastres. Les veuves et les orphelins étaient ses amis de prédilection. Les petits services qu’il exigeait d’eux entretenaient dans leur esprit l’amour du travail, l’horreur du péché et l’innocence des coutumes. Les veuves faisaient l’office de cantonniers ; elles allaient ramasser au bord des torrents, des pierres qu’elles transportaient sur leur dos jusqu’aux portes de la bourgade, où elles les amoncelaient en tas égaux. Ces pierres leur servaient ensuite à combler les ornières que le dégel creuse incessamment dans les rues. Les orphelins étaient affectés à la recherche et au transport du crottin de