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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/286

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« L’agrimensor vient d’arriver, me dit-il.

— Avec son lieutenant, ajouta la gouvernante en s’accoudant sans façon sur la table pour mieux voir le dessin que j’étais en train de finir.

— Eh bien ! padre mio, répondis-je au curé, il faut l’attendre de pied ferme, car je suppose qu’il se présentera chez vous.

— Mais le señor padre peut le voir d’ici, riposta la gouvernante ; l’homme est en ce moment sur la place avec le gobernador et l’alcade. »

Le curé se leva vivement et s’avança jusqu’au seuil du presbytère, où la curiosité me poussa derrière lui. La gouvernante vint aussitôt nous y rejoindre. De cet endroit l’œil embrassait, dans toute son étendue, la grande place aux six arceaux. Quelques personnes, parmi lesquelles deux tout d’abord attirèrent mon attention, stationnaient au centre de cette place. De ces deux personnes, l’une était un homme court et gros, aux jambes arquées, vêtu d’un uniforme bleu de roi, rehaussé par des broderies d’or et d’étincelantes épaulettes. Une ceinture de soie rouge, à bouts flottants, sanglait militairement son ventre pyriforme. La coiffure de ce personnage se composait d’une casquette galonnée à visière de cuivre. Comme son compagnon portait un costume semblable, moins toutefois les broderies et les épaulettes, j’en augurai que le premier devait être l’agrimensor ou arpenteur, et le second