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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/287

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l’aide de camp ou porte-chaîne. Près d’eux se tenaient le gobernador et l’alcade, en culottes courtes, les jambes et les pieds nus, drapés, selon l’usage du pays, dans un manteau de bayeta, d’une nuance gris de fer et festonné par de longs services. Chacun de ces fonctionnaires tenait respectueusement à la main son feutre couleur d’amadou, circonstance qui permettait d’apprécier la forme conique de leur tête, et leur chevelure luxuriante, mais mal peignée. Des indigènes des deux sexes, des enfants, des mules et des chiens, formaient, avec les petates[1] et les paquets empilés sur le sol, les personnages secondaires et les accessoires de ce tableau.

Après quelques minutes d’entretien, l’agrimensor et son aide de camp abandonnèrent le poste qu’ils occupaient, et, guidés par le gobernador et l’alcade, se dirigèrent vers le presbytère. Le curé, qui comprit qu’on le venait voir, voulut rentrer chez lui pour changer de soutane et arborer son rabat de satin bleu des grands jours ; mais je contins ce mouvement de vanité mondaine, en retenant mon hôte par le bras, et lui représentant qu’un ministre du Seigneur n’avait pas besoin de recourir à ces vains ornements.

« Laissez la pourpre et l’or, ajoutai-je, aux fils de Baal et aux ingénieurs du gouvernement.

  1. Petites malles carrées en cuir façonné dont on se sert en voyage. Quelques-unes sont de véritables chefs-d’œuvre de goût.