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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/29

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Le curé, debout en ce moment sur le maître autel, où il raccommodait lui-même quelque moulure du tabernacle, tourna la tête par hasard, et, m’ayant aperçu le sombrero à la main, dans une attitude de curiosité, abandonna son poste et vint, en essuyant ses mains à sa soutane, me demander pourquoi je n’entrais pas. J’objectai l’inconvenance de mon costume. Bah ! fit-il, l’église est en réparation, et comme pour m’engager à bannir tout scrupule, il tira de sa poche un étui à cigarettes, m’en offrit une, en prit une autre et alla l’allumer à un lampion placé au-dessus d’un bénitier.

Tout en mêlant nos fumées, le pasteur me demanda le lieu de ma naissance, mon nom, mon âge et les motifs qui m’amenaient dans le pays. Quand j’eus satisfait de mon mieux à toutes ces questions, dont la bonhomie atténuait l’indiscrétion, il m’apprit à son tour qu’il s’appelait Pedro Garmendia, qu’il était né dans la province de Maynas, limitrophe de l’Ecuador, avait cinquante-deux ans révolus, desservait depuis deux ans la cure de Tungasuca et souffrait beaucoup d’un catarrhe à la vessie. Une fois la glace rompue entre nous, il m’avoua que, pour subvenir aux frais de réparation que nécessitait son église, qu’il comptait embellir par la même occasion, il allait frapper d’un impôt extraordinaire la bourse de ses ouailles, Indiens aisés pour la plupart. « Ils crieront bien un peu, me dit-il, mais le