Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessus du tableau, et une rumeur sonore s’élevait de toutes parts, semblable aux vibrations d’une cloche lancée à toute volée.

En arrivant, mon premier soin avait été de jeter la bride sur le cou de ma mule, de remettre l’animal à la garde de Santiago et d’aller flâner devant les boutiques, où tous les produits de l’industrie humaine, depuis les modes de Paris jusqu’aux ivoires de Canton, étaient réunis. Dans ce bazar universel, la Belgique était représentée par des contrefaçons de nos auteurs français[1]. Ballotté en tout sens par le va-et-vient de la foule, je franchis sans m’en apercevoir la ligne des boutiques, j’enfilai une rue et me trouvai bientôt devant l’église du village, humble bâtiment badigeonné d’ocre jaune et couvert d’un toit de paille surmonté d’une croix. La porte en était ouverte à deux battants. Au moment d’entrer dans le lieu saint, je fus retenu par l’idée de mon accoutrement de voyage et du cliquetis de ferraille que mes éperons chiliens faisaient entendre à chaque pas. Craignant de troubler le recueillement des fidèles, je m’arrêtai sous le porche et me contentai d’allonger le cou pour entrevoir l’intérieur du vaisseau.

  1. J’y trouvais, avec Bossuet, Fléchier, Massillon, Bourdaloue, les Natchez de Chateaubriand, une magnifique édition grand in-8, imprimée sur deux colonnes, des œuvres de Georges Sand, jusqu’à cette époque, et la Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo, format in-12.