Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La gouvernante murmura de vagues paroles, et sortit en fermant bruyamment les portes derrière elle.

« Votre Seigneurie, dit le curé en s’asseyant à trois pas de son hôte, voudra bien excuser la triste réception que lui fait le pauvre curé de Coporaqué. Si j’avais été prévenu de son arrivée quelques jours à l’avance, j’aurais pu écrire à Cuzco ou à Aréquipa pour me procurer des vins étrangers, des friandises en boîtes de fer-blanc et autres aliments dignes d’elle ; malheureusement…

— Laissez donc, mon révérend, fit don Estevan ; pourquoi faire des cérémonies avec un ancien militaire comme moi, accoutumé par état à… »

Un sourire narquois, qui se dessina sur mes lèvres et que Sa Seigneurie le colonel ingénieur surprit par hasard, l’empêcha d’achever sa phrase.

« L’état militaire est un bien bel état ! » dit le curé en manière d’apophthegme.

Jusque-là, je n’avais pas pris part à la conversation, mais, en lisant dans les regards du pasteur une foule d’interrogations désireuses d’éclore, et que le grade et la majesté de son hôte l’empêchaient seuls de formuler, j’imaginai de lui venir en aide en priant don Estevan de me donner quelques détails sur la mission que le gouvernement lui avait confiée,

« Mon cher, me répondit-il, apprenez, car proba-