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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/289

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à laquelle don Estevan se rendit sans cérémonie. L’aide de camp, le gobernador et l’alcade, se croyant compris dans l’invitation, allaient s’y glisser à sa suite, quand d’un geste superbe don Estevan les retint sur le seuil.

« Apolinario, dit-il à l’alferez, vous vous entendrez avec le gobernador ou l’alcade au sujet des Indiens qui doivent nous accompagner. Je désire qu’ils soient prêts demain au petit jour. Vous surveillerez ensuite les apprêts de mon coucher ; mes serre-tête et mes fontanges sont dans la plus grande des petates. Allez, messieurs, dit-il en congédiant, par un geste noble, les deux fonctionnaires qui écoutaient bouche béante et chapeau bas ; ce soir, vous recevrez mes derniers ordres.

— Viva el señor coronel ! » exclamèrent à la fois le gobernador et l’alcade en s’inclinant jusqu’à terre.

Cette majesté, que don Estevan déployait dans les moindres choses, lui valut un redoublement d’égards de la part du curé. À peine celui-ci l’eut-il conduit dans son salon et fait asseoir sur son canapé de bambou, qu’il appela sa gouvernante, et, d’un ton qui n’admettait pas de réplique, lui ordonna de préparer en toute hâte une infusion de feuilles de coca, et de l’apporter dès qu’elle serait prête avec une bouteille d’eau-de-vie anisée, et tous Les pastellilos frais ou rassis qu’elle pourrait se procurer dans la ville.