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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/292

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— Si le bois fait défaut, nous aurons la pierre, répliqua gravement don Estevan.

— Mais alors c’est un travail de plusieurs années ! s’écria le curé, effrayé à l’idée que la bourgade de Coporaqué pourrait avoir à héberger l’ingénieur, son aide de camp et ses bêtes de somme, pendant un laps de temps indéterminé.

— C’est probable, mon révérend, lui répondit don Estevan ; mais la pose des bornes, à défaut de piquets, est un travail de manœuvre, et je n’ai pas à m’en préoccuper. Une fois mes bases fixées, mes calculs faits et mon tracé linéaire établi sur papier, — ici je souris de nouveau en regardant Sa Seigneurie, qui rougit un peu et baissa la tête, — je quitte le pays, je pars pour Lima, et vais remettre au président le plan de la province, sans m’inquiéter le moins du monde des travaux ultérieurs que Son Excellence jugera convenable de faire exécuter.

— Avant d’en arriver là, hasarda le pasteur, qui tenait à se renseigner sur la durée du séjour de l’ingénieur dans le pays, Votre Seigneurie aura bien des fatigues à supporter, bien des calculs à faire ; le calcul est chose sérieuse et difficile… qui exige beaucoup de temps…

— Bast ! c’est l’affaire de huit jours ! » fit don Estevan du ton d’un homme parfaitement sûr de lui-même.