Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme si un serpent les eût piqués, et se mirent immédiatement au port d’armes. Interrogé par don Estevan sur les dispositions intérieures qu’il avait dû prendre, l’aide de camp s’empressa de répondre que les Indiens désignés pour former l’escorte seraient sur pied avant le jour, que les bêtes de somme avaient eu double ration de pommes de terre à défaut de fourrage, et que l’almofrez de Sa Seigneurie était dressé dans la propre chambre du gouverneur.

« Et mon souper ! fit aigrement la Seigneurie ; croyez-vous que je vive de l’air du temps ? »

Le gobernador et l’aide de camp se regardèrent ; évidemment aucun d’eux n’avait songé à cette partie du cérémonial, à laquelle don Estevan paraissait tenir. Le fonctionnaire hasarda néanmoins qu’il croyait avoir dans son poulailler quelques œufs pondus du matin, et qu’en cherchant bien dans la ville, on trouverait peut-être une poule et des cochons d’Inde.

« Demi-heure pour trouver cette poule, lui tordre le cou, l’apprêter et me la servir, » dit don Estevan.

Dans leur empressement à exécuter les ordres du colonel, les deux subalternes ne firent qu’un saut jusqu’à la porte et disparurent dans les ténèbres.

« Tudieu ! quel despote vous faites, dis-je à don Estevan ; décidément, mon cher, vous êtes si