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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/299

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changé depuis l’an dernier, que j’ai peine à vous reconnaître !

— Je suis à la hauteur de la situation, me répondit-il.

— Et moi, tout aux égards que je dois au digne curé qui m’héberge, ajoutai-je ; aussi je vous quitte pour retourner au presbytère.

— Vous ne voulez pas rester à souper avec moi ?

— Grand merci de l’honneur, mon colonel.

— Querido don Pablo, vous savez que je compte sur vous pour m’accompagner dans ma tournée de la province…

— Votre Seigneurie compte alors sans son hôte, car je ne dépasserai pas le lac de Vilafro ; tout ce que je puis faire pour lui être agréable, c’est de voyager en sa compagnie jusqu’à l’endroit indiqué, et de la laisser ensuite à sa besogne.

— Ma besogne ! fit-il avec un gros rire ; mais ma besogne est toute tracée ; j’emporte avec moi une liasse de journaux de Lima que je m’amuserai à lire, vingt-quatre bouteilles de vin de Xérès que je pense boire, et d’excellentes cigarettes que j’ai l’intention de fumer. Pendant que je lirai, boirai et fumerai, vous, mon ami, vous écrirez, vous dessinerez, vous observerez ; puis, quand mes bouteilles seront vides et vos cartons pleins, nous repartirons ensemble pour Cuzco. Cet arrangement vous convient-il ?