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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/306

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force politesses furent échangées entre nous, et nous nous séparâmes pour ne plus nous revoir.

Au sortir de Coporaqué, notre troupe s’engagea résolûment dans l’immense dédale formé par l’enchevêtrement des sierras de Condoroma, d’Ocoruro, de la Raya, de Vilcanota et les versants septentrionaux des Andes occidentales. Décrire le pays que nous traversions serait une tâche au-dessus de mes forces ; de quelque côté que se portassent les regards, ce n’étaient que terrains brusquement coupés, sommets inaccessibles, rochers en surplomb, quebradas d’une profondeur à donner le vertige, le tout recouvert d’une couche de neige que le vent de la nuit avait durcie à l’égal de la pierre. Un ciel couleur de plomb, si rapproché de nos têtes qu’il semblait qu’on pût l’atteindre avec la main, donnait au paysage un aspect farouche et lugubre qui flétrissait le rire sur les lèvres et refoulait la parole au fond du gosier. En atteignant un étroit plateau, que les Indiens appelèrent Antimarca (hauteur des Andes), nous découvrîmes, dans la partie du sud, une vaste région hérissée de collines basses et rapprochées, qui, par un effet d’optique propre à ces altitudes, nous paraissaient se mouvoir et onduler comme les vagues de la mer. Au fond de la perspective, sur une ligne développée du nord au sud, se dressaient, blancs de neige et à demi voilés par la brume, les volcans éteints de Coripuna et du Padre