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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/317

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nario, à la tête des muletiers, se dirigeait vers Cailloma, avec ordre de faire diligence.

Après trois quarts d’heure de marche, nous atieignîmes le pied d’une chaîne peu élevée, et dont le développement d’est à ouest me parut être d’une douzaine de lieues. Du côté du couchant, les versants de cette chaîne, coupés à pic, étaient inaccessibles, mais des solutions de continuité pratiquées par les commotions volcaniques formaient comme autant de passages étroits et scabreux à travers la masse, que vingt minutes nous suffirent pour traverser dans sa plus grande largeur. Parvenus du côté du levant, nous eûmes devant nous la ligne des montagnes de Condorama, de la Raya et de Vilcanota, blanches de frimas du faîte à la base et se détachant sur un ciel sans nuages. Sous nos pieds, à quelque cinq cents mètres de profondeur, une plaine de quatre à cinq lieues de circuit, parsemée de blocs erratiques, et dont la neige, fondue par places aux premiers rayons du soleil, laissait voir un tapis de jarava et d’herbe rase. Au centre de cette plaine s’évasait un lac d’environ deux lieues de long, sur une lieue et demie de large. Ses bords, légèrement renflés et coupés en talus, retenaient comme dans une vasque sa nappe froide et immobile. Au loin, dans la partie de l’est, cette vasque fracturée livrait passage aux eaux qui s’épandaient sans bruit à travers la plaine. D’obliques rayons de soleil et l’ombre portée