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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/319

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-trois lieues de sierra, alors seulement tu pourras l’appeler Apurimac. »

Je tirai de ma poche un demi-réal et le donnai à l’homme en le remerciant de ses renseignements hydrographiques. À l’air ébahi dont il me regarda, je jugeai qu’il ne comprenait pas de quoi je le remerciais, mais il n’en accepta pas moins avec empressement ma pièce de monnaie, que par prudence il noua dans un coin de sa chemise.

Une série de zigzags assez périlleux nous conduisit enfin au niveau de la plaine. Là, nous pûmes, en nous retournant, embrasser d’un coup d’œil le revers oriental de la chaîne que nous venions de traverser. À droite et à gauche, dans le nord et le sud, elle offrait une superposition de coteaux en retraite, qui figuraient les marches d’un escalier immense. Ces marches, à l’endroit où nous nous trouvions, étaient brusquement interrompues par le plan vertical d’une montagne de grès carbonifère, qu’on eût crue taillée à main d’homme. À sa base s’ouvrait la bouche noire d’une caverne, vers laquelle notre guide se dirigea. Cet antre mystérieux devait avoir servi d’habitation à l’homme, à en juger par des pans de murs en pisé, encore debout et noircis par le feu. Bientôt, un des Indiens nous montra l’anse d’une cruche qu’il venait de trouver à terre, et presque au même instant je découvrais moi-même, parmi des jaravas, une touffe de solanées aux tiges grêles et au pâle feuil-